Parfumeur. Femme. Le Nez".
Julie Massé est la parfumeuse de Shay & Blue, également connue sous le nom de "nez". Pour le fondateur de Shay & Blue, Dom De Vetta, le choix de Julie était évident. Sa recherche d'un parfumeur avec du flair, de la passion et de la chaleur personnelle a pris fin dès qu'il a découvert Julie. Dans cette série de projecteurs, nous découvrons la femme qui se cache derrière les senteurs mortelles qui transforment les parfums, avec l'aimable autorisation de nos amis de www.cafleurebon.com/.
En 2012, Shay & Blue a fait appel au talent de Julie Massé pour créer six parfums inauguraux afin de lancer la marque. Julie, une jeune parfumeuse qui a étudié auprès des maîtres parfumeurs Christine Nagel et de Pierre Bourdon. Elle a créé des parfums novateurs et accessibles, utilisant une diversité de styles de manière à la fois familière et différente. Six ans plus tard, elle est une superstar en devenir dans le monde de la parfumerie, une femme qui brise le plafond de verre des parfumeurs majoritairement masculins des générations précédentes.
Julie Massé, jeune fille au Japon
Au tout début des années 80 - il y a longtemps, souvenez-vous, les gens ne voyageaient pas autant qu'aujourd'hui - ma famille a déménagé à Tokyo pour le travail de mon père. J'y suis née et j'ai vécu dans cette ville pendant cinq ans. Même si nous sommes partis alors que je n'étais qu'une enfant, ma famille et moi sommes toujours très liés au Japon. J'aime profondément sa culture et ses traditions. Cette expérience très précoce de voyage loin de la France, à la découverte d'une culture totalement nouvelle, a probablement contribué à façonner ma personnalité.
Photos du père de Julie Massé Ecole Roure 1976
La famille de mon père est originaire de Grasse et il a fait ses études à l'école de parfumerie Roure. Après sa formation, il s'est orienté vers une carrière commerciale dans l'entreprise, plutôt que vers la création. Mais sa passion pour le naturel et les senteurs était toujours très présente et vivace. À la maison, il y avait toujours des matières premières, des parfums et des buvards qui traînaient. Depuis mon plus jeune âge, ils me fascinent. Je demandais même à mon père de créer des jeux autour des odeurs et des parfums pour mes amis et j'aimais beaucoup cela. Et maintenant, je fais la même chose pour mes propres enfants !
Julie Massé à l'école de parfumerie ISIPCA de Versailles
Plus tard, j'ai commencé à collectionner les publicités imprimées pour les parfums, en arrachant des pages de magazines en papier glacé. J'avais un mur entier dans ma chambre qui était recouvert de ces belles images de parfums emblématiques. Enfant et jeune adulte, j'aimais créer des choses de mes mains : sciage, origami, bijoux fantaisie... Transformer la matière en quelque chose de beau. J'aimerais avoir plus de temps pour le faire aujourd'hui avec mes enfants. Rejoindre le monde des parfums a été mon propre choix, mon propre penchant. Même si le fait d'avoir grandi dans un environnement entouré de parfums m'a guidée, ce n'est pas seulement une affaire de famille. Je ne me souviens pas exactement quand, mais il était évident pour moi que je voulais être parfumeur et j'étais déterminé à le devenir. Mon premier objectif était d'entrer à l'école française de parfumerie ISIPCA. J'ai donc commencé par étudier la chimie pendant trois ans avant de m'inscrire.
Julie dans les champs de Grasse cueille le jasmin
Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai commencé mon apprentissage chez Fragrance Resources en tant que "contrôleur de qualité" à Grasse. J'ai donc quitté Paris pour vivre avec ma grand-mère pendant deux ans. Elle tenait une librairie, une institution appelée "Les Beaux Livres". Ma famille et moi n'étions habituellement dans le sud de la France que pendant l'été. J'ai donc été ravie de passer de longs moments seule avec elle.
Pierre Bourdon (avec l'aimable autorisation de Julien Rasquinet)
C'
est au cours de ces deux premières années dans la parfumerie que j'ai rencontré mon mentor, Pierre Bourdon. À l'époque, il dirigeait la filiale française et l'équipe de création française de Fragrance Resources. Notre première rencontre s'est faite autour d'un verre, j'ai été très impressionnée. Pour mon travail, je lui rendais régulièrement visite et je rêvais de lui demander d'être son apprenti.
Avant de prendre sa retraite, il a décidé de former deux nouveaux jeunes parfumeurs ; il nous a choisis, Julien Rasquinet et moi-même. Je me souviens m'être réveillé tous les matins en me disant : "Je n'arrive pas à croire que mon rêve est en train de se réaliser". Il m'enseignait à l'ancienne, avec la méthode traditionnelle de
Jean Carle, mais avec la touche propre à Bourdon : parfumerie classique, formation aux matières premières, exercices quotidiens sur les bases des parfums. J'ai appris ce qu'il appelait la "parfumerie narrative", qui consiste à composer une formule à partir de zéro sur papier, comme si je décrivais un paysage ou un tableau. Lorsque je composais une de ses formules, j'entendais clairement l'histoire qu'il voulait raconter. Pendant trois ans, j'ai eu la chance de partager le même bureau que lui. Les gens venaient le voir et j'ai beaucoup appris en écoutant ce qui se passait. Même à cette époque, il ne cessait de m'impressionner. Par exemple, il n'apportait qu'un seul procès à la réunion d'un client, en lui disant que c'était le bon. Et ça a marché ! Toujours chez Fragrance Resources,
Benoist Lapouza a également été un excellent professeur. Il m'a donné de nombreux conseils précieux que j'utilise toujours dans mon travail quotidien. Quand je pense à ces années, je me dis qu'elles ont été marquées par le travail, la formation, le plaisir et les rires avec toute l'équipe.
Julie Masse et Cécile Matton
Puis, j'ai rencontré
Christine Nagel. Elle m'a poussée à oser, à exprimer ma créativité, à développer ma propre signature. J'ai aussi appris à travailler en équipe, ce qui est très important dans la parfumerie d'aujourd'hui, et j'ai adoré ça. Christine est partie travailler chez MANE. Six mois plus tard, je l'ai rejointe. Après sept ans chez Fragrance Resources, j'ai rencontré une nouvelle équipe de parfumeurs talentueux avec lesquels j'aime travailler. J'ai été ravie de travailler sur Sí Armani avec Christine, et plus récemment avec
Cécile Matton sur
Pivoine Suzhou d'Armani, 37 rue de Bellechasse d'YSL et Velvet Incenso de D&G.
Chez MANE, nous avons la chance de travailler avec de grands ingrédients naturels. Nous avons un accès unique à la production locale d'ingrédients naturels de la région de Grasse : jasmin, rose centifolia, mimosa, etc. MANE a également développé plusieurs partenariats exclusifs avec des agriculteurs afin d'obtenir des matières premières durables de haute qualité : La vanille, le géranium et le vétiver à Madagascar, le poivre de Timur au Népal ou la myrrhe en Namibie. Il y a quelques mois, j'ai rendu visite aux producteurs locaux de matières premières à Madagascar. C'était très émouvant de remonter le fil de ces senteurs jusqu'à leur origine. C'est quelque chose dont je me souviendrai toujours.
Photo Madagascar. Julie dans un champ de Vétiver
Jusqu'à aujourd'hui, mon inspiration vient souvent de l'art visuel : l'impressionnisme avec Whistler ou Monet, le graphisme, Andy Warhol. Mon mari étant architecte, je suis devenue plus sensible à la composition des bâtiments et à l'importance de l'architecture dans les villes. L'inspiration vient aussi de la nourriture, salée et sucrée. J'aime beaucoup goûter de nouvelles saveurs, de nouveaux ingrédients et de nouvelles recettes dans ma cuisine ou dans un restaurant.
Photo de Dom de Vetta et Julie Massé
Les rencontres sont également essentielles. Dom De Vetta, fondateur de Shay and Blue, me fait confiance pour traduire sa vision créative en parfums. C'est tellement rare de travailler avec une marque qui vous donne autant de liberté. C'est exaltant !
Julie Masse dans son bureau à MANE
J'aime créer des accords à partir de rien, trouver des contrastes et des liens, construire une fragrance tout en gardant la force de l'accord. En ce qui concerne les matières premières, j'ai un faible pour l'oranger et tous ses éléments : du zeste du fruit à la note florale et délicate du néroli ou à la facette riche en miel de l'absolue de fleur. Je les aime tous et ils me ramènent immédiatement au jardin de ma grand-mère à Grasse, qui est aujourd'hui celui de ma mère. Mes racines méditerranéennes sont cruciales dans ma vie et nourrissent probablement ma créativité. Dès que je le peux, je rends visite à mes parents qui vivent aujourd'hui à Grasse tout au long de l'année. Le jardin de ma mère est un paradis pour un parfumeur, un véritable florilège de plantes odorantes méditerranéennes : rose centifolia, géraniums de toutes sortes, orangers, citronniers, héliotrope, herbes aromatiques (sauge, romarin, thym...), jasmin, iris, pittosporum, tubéreuse... C'est tout simplement magique !
A Grasse, j'aime aller rendre visite aux agriculteurs dans leurs champs de rose, de jasmin, de tubéreuse... Parler avec eux, sentir les fleurs, voir les gens travailler dans les champs, c'est le cœur de ma passion profonde, à chaque fois cela me transporte. - Julie Massé, Parfumeur à Mane
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Références :